mardi, juin 26, 2007

Quelques vieilles bizarreries 2

... La vision de cette scène fut un choc, une meurtrissure pour lui. De ses yeux coula une larme; elle roula lentement le long de sa joue et traça le premier sillon sur ce visage lisse, à présent buriné par les ans et les épreuves.

Tandis que ce souvenir douloureux écumait dans son esprit troublé, ses mains tordues, rongées par l'arthrose et la peine, cachaient cette triste figure tordue que la vie avait malmenée.
La souffrance était sa seule amie, la seule qui l'avait accompagné fidèlement sur la tortueuse route de son existence - si existence il avait eu.

Il étais las, affalé sur le banc - sa maison, suintant de toutes les pores de sa peau et de son âme une odeur aigre qu'il entretenait en buvant des litres d'alcool et en ne se lavant que rarement. L'alcool était son seul réconfort, la seule joie qui restait encore dans vie de ce pauvre hère. Il trempa ses lèvres dans ce poison qui le rongeait de l'intérieur; il ne lui restait que quelques heures à vivre. Il le savait. Il avait appris à se connaître et sentait bien que la grande Faucheuse l'embrasserait cette nuit.
Une visite! Depuis combien de temps n'en avait-il pas reçu? Depuis des décennies au moins et voilà que ce soir la Mort, la belle Mort l'invitait à danser. Le vieil homme sentit se rallumer cette flamme jadis éteinte. Un rendez-vous, il avait rendez-vous! La fougue de ses jeunes années rejaillit instantanément en lui. Mais il lui fallait être présentable ce soir! Cette renaissance l'emportait dans ses sphères constellées d'étoiles : ce soir, il serait le prince des contes pour la première fois et sa belle viendrait à minuit dans son carosse de lumière.

Sa bouteille glissa, roula et se brisa sur les pavés glacés de cette période hiémale. Le choc du verre sur le sol le fit sursauter. Il prit conscience qu'il ne portait que des guenilles. Il ne pouvait décemment pas se présenter ainsi devant une femme; ses parents l'avaient quand même mieux éduqué que cela! Il lui fallait porter quelque chose de décent; non, il lui fallait un costume élégant : il avait rendez-vous. Et pas avec n'importe quelle femme, la plus belle, la plus implacable, la plus impitoyable : la Mort!

Edouard

tableau : Looking with rosy light, Jawlensky

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Beau comme toujours....

Anonyme a dit…

bon ben, un jour je ponds un texte de merde, pour changer...

Anonyme a dit…

pourquoi tu dis ca ^^

j'adore lire tes textes moi.

Et même si tu voulais écrire un texte de merdre, je suis pas sûre que tu y arrives. Il risque d'être bien quand même, tu crois pas ?

Anonyme a dit…

Euh, je crois qu'on est tous capable de pondre des trucs pas terribles. Et j'en ai d'ailleurs quelques exemples sous les bras : des poèmes qui remontent à une éternité et qui sont d'un mauvais, mais à un point tel que j'ai les cheveux qui se dressent quand je les relis. Je les conserve pour avoir un exemple de ce que je ne dois pas faire.

Et puis, merci d'être aussi fidèle sur ce blog. T'es probablement la seule personne qui me suis depuis le début. C'est cool en tout cas.

Anonyme a dit…

Il est bien ce blog, alors je conituerai de passer ^^

PIs ca me change les idées, surtout en ce moment.... d'angoisse et de stress....