Ce soir la ville a des allures de révolution, fête nationale oblige. Une guerre civile éclate à coup de fusées multicolores. Et bing et bang! Le silence explose à intervalles irréguliers. Les gens sourient, s'amusent, mais n'ont pas conscience que leur célébration est guerrière. Ou alors c'est ce qu'ils aiment : une guerre à peu de frais et tout en symboles. Tout explose, tout saute et demain, demain on retournera à nos boulots. On se défoule, puis on se calme jusqu'à l'année prochaine.Dans les rues s'élève une odeur de soufre, des nuages malodorants nous accompagnent, nous autres adeptes de la marche à pieds, dans nos pérégrinations. Un bang, le ciel s'illumine et une rafale colorée nous tombe dessus. Un peu plus loin des jeunes ont allumé des allumettes bengales et se lancent dans une gestuelle martiale. Les fêtes nationales excitent de bien bas instincts. C'est une troupe à présent qui s'offre à la vue; ils se sont réunis autour d'un grand feu - brûlerait-on un dissident - et regardent, nuques cassées, vers le ciel. Oh la belle bleue! Ah comme c'est beau. Et Fizz et crac et bang! Leur cerveau, tout comme les fusées explosent.
C'est la fête nationale et les troupes sont galvanisées. On est les meilleurs, on est les plus beaux, c'est nous qu'on fête ce soir. Les autres sont nuls, les autres sont moches, les autres sont cons. On est fier d'être ce qu'on est. Bang! On ne pense qu'à nous ce soir! Ratatac! On mange, on trinque, on boit à notre santé. Boum!
A chaque fête nationale, c'est un peu d'altérité qu'on blesse.
Edouard
Tableau : Guernica, Pablo PICASSO
3 commentaires:
Faut quand même avouer que les autres sont moches pour de vrai...
Surtout quand on met les pieds dans mes contrées natales. Mon Dieu ce qu'une bonne part de ces gens ont des têtes animales...
^^
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