Je viens tout juste d'achever la lecture formidable d'un livre de Steinbeck : Des souris et des hommes. Incroyable comme la simplicité, la pudeur et une histoire toute simple peuvent dégager une telle force. Je devrais apprendre de cette manière d'écrire, tout en dépouillement et dénuement, moi qui ai tendance à boursoufler mes récits.Ah! sans psychologie, ni même en usant d'introspection, Steinbeck est parvenu à nous retranscrire la vie de ces gens d'une brillante manière. Tout passe par le silence, les répétitions gauches des personnages, leurs actions, ... Et cette fin terrible et qui m'a remué : George forcé de tuer Lennie qui a commis une "bêtise" en tuant par mégarde, ne contrôlant pas sa force, la femme de ce salaud de Curley. L'hésitation de George, le récit de cette vie meilleure qu'il racontait toujours à Lennie et qui n'arrivera jamais, la main qui se cramponne au pistolet puis hésite à nouveau, les voix des hommes de Curley venus abattre Lennie, finalement le tragique dénouement, qui n'est pas sans rappeler le passage où le vieux chien est abattu. Toute l'hésitation de George ne nous est montrée que d'un point de vue extérieur : pas de pensées, pas d'introspection et pourtant... le lecteur comprend le combat intérieur que se noue en George.
Il y a une certaine pudeur dans l'écriture de Steinbeck qui, à mon sens, rejoint celle de ses personnages. Ici, personne ne peut vraiment se livrer; cette vie, pour l'essentielle masculine, se vit dans la peur de l'autre. Autant ne pas trop en dire, autant ne pas trop s'étendre, au risque de voir cela se retourner contre soi. Le travail est pénible et le réconfort, le repos - le salut? - ne se trouvent que dans le jeu (cartes, fers à cheval, ...) et dans l'alcool et les putains. Une vie dure, rude et sans espoir pour l'essentiel des personnages. George et Lennie semblent, en un sens, échapper à cette terrible solitude puisqu'ils sont l'un avec l'autre, ils se soutiennent bien qu'on ne sache jamais vraiment le pourquoi de leur amitié. Toujours est-il qu'ils paraissent au-dessus de la fange, capables de rêver et de redonner espoir aux personnes en marge ou exclues telles que le vieux Candy et le nègre Crooks. La chute, le drame, la tragédie n'attendent pourtant pas loin, tissant une toile implacable qui n'attend que le moment le plus adéquat, le plus cruel pour s'abattre sur nos deux héros, à l'instant même où leurs rêves étaient sur le point de se concrétiser!
Quelque part, c'est toute la tragédie humaine qui se donne à lire dans ce court récit : les désirs meurtris, les rencontres avortées, les salauds qui vous attendent au détour, l'exclusion des plus fragiles, les garces en velours, la vie, la mort, la solitude, ... Et partout, partout la désolation : dans les paysages, dans les cœurs, dans les âmes; ne reste qu'un goût étouffant de sueur, de larmes et de poussière qui dévaste tous les rêves, toutes les vies.
Edouard
Il y a une certaine pudeur dans l'écriture de Steinbeck qui, à mon sens, rejoint celle de ses personnages. Ici, personne ne peut vraiment se livrer; cette vie, pour l'essentielle masculine, se vit dans la peur de l'autre. Autant ne pas trop en dire, autant ne pas trop s'étendre, au risque de voir cela se retourner contre soi. Le travail est pénible et le réconfort, le repos - le salut? - ne se trouvent que dans le jeu (cartes, fers à cheval, ...) et dans l'alcool et les putains. Une vie dure, rude et sans espoir pour l'essentiel des personnages. George et Lennie semblent, en un sens, échapper à cette terrible solitude puisqu'ils sont l'un avec l'autre, ils se soutiennent bien qu'on ne sache jamais vraiment le pourquoi de leur amitié. Toujours est-il qu'ils paraissent au-dessus de la fange, capables de rêver et de redonner espoir aux personnes en marge ou exclues telles que le vieux Candy et le nègre Crooks. La chute, le drame, la tragédie n'attendent pourtant pas loin, tissant une toile implacable qui n'attend que le moment le plus adéquat, le plus cruel pour s'abattre sur nos deux héros, à l'instant même où leurs rêves étaient sur le point de se concrétiser!
Quelque part, c'est toute la tragédie humaine qui se donne à lire dans ce court récit : les désirs meurtris, les rencontres avortées, les salauds qui vous attendent au détour, l'exclusion des plus fragiles, les garces en velours, la vie, la mort, la solitude, ... Et partout, partout la désolation : dans les paysages, dans les cœurs, dans les âmes; ne reste qu'un goût étouffant de sueur, de larmes et de poussière qui dévaste tous les rêves, toutes les vies.
Edouard
1 commentaire:
Je devrais le lire celui-là.....
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