Le mois d'août touche à sa fin et pleure à grosses et fraîches larmes, annonçant déjà la fin de l'été...Hier il faisait lourd, terriblement lourd. Un couvercle de nuages avait emprisonné l'air de la ville. Non seulement il faisait chaud, mais en plus il faisait moite. Une touffeur comme on en a rarement l'habitude ici nous enveloppait, nous embrassait et nous recouvrait d'un manteau de sueur. L'heure était à la torpeur, au repos, au farniente. La ville étouffait littéralement; il n'aurait pas fallu s'agiter de trop.
Ainsi pris dans ces vapeurs, le temps s'égrénait à mesure que le couvercle se refermait un peu plus sur nous. Nous étions pris au piège, suppliant le ciel de se fendre, de se déchirer et de consentir à enfin déverser sur nos existences étuvées un filet rafraîchissant et revigorant. Las, de son oeil de coton il observait la cité du bout du lac dont les corps étaient à la pluie et, visiblement, cela l'amusait.
Le soir se referma sur nous comme une trappe. Pas une seule goutte, si ce n'est de sueur, pas l'ombre de lueurs d'étoiles ou de lune laissant espérer un départ prochain des nuages. La nuit s'annonçait pire que le jour, engloutissant avec elle tout espoir. On entendait s'élever çà et là le ronflement régulier des ventilateurs qui ne faisaient que brasser un air humide et moite. Le temps avait-il décidé de se conformer à cette ambiance indolente, traînant tant et tant qu'il semblait ne plus avancer?
Un espoir arriva au milieu de la nuit. Une fine brise, à peine perceptible, courait dans quelques rues, mais l'espoir retomba aussi vite que le vent qui l'avait apporté. La ville n'était plus qu'un long râle qui gonflait, gonflait autant que le couvercle de nuages posé au-dessus d'elle.
Puis le ciel se fendit en un grand bruit, se zébra et s'illumina. Etait-il en train d'enfanter, soufflant, poussant, criant de toutes ses forces? Un spasme le secoua à nouveau. La terre trembla. La foudre venait de frapper, de son doigt accusateur, quelque ruelle mal éclairée. La sentence avait été prononcée. On eut juste le temps de compter un, deux, trois et le ciel enfanta : une pluie fine et fraîche se déversa sur la ville, sur nos vies; nous pouvions à nouveau respirer.
Edouard
Tableau : Monet, Londres
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