La vie est parfois délicieusement drôle. Les jours se ressemblent et s'entassent comme des coquilles vides, se suivent et s'enchaînent selon le même modèle. On aimerait que ça change, que quelque chose d'inédit se passe et rien... rien n'arrive! Ce n'est que l'indolent train-train qui a lieu : lever (seul), petit-déjeûner (encore seul), lavage, habillage, moment d'étude, aller en cours ou travailler, déjeûner (seul, encore...), retour au cours, dîner (toujours seul) et finalement déshabillage et dodo (décidément encore et toujours seul; plus seul que jamais).On aimerait que quelqu'un fasse une entrée fracassante dans cette existence sèche et étriquée, nous enlève et nous emmène loin loin de ce cercle vicieux. Quitter pour toujours ces terres dépeuplées, revenir vers la civilisation, entendre à nouveau le son de sa voix, discuter, dialoguer, partager, être tour à tour bouche et oreille, glisser des mots doux par la fenêtre de ses yeux... prendre une main... sentir son coeur battre... à nouveau... sensation oubliée depuis longtemps déjà... un visage qui se penche... des lèvres offertes... une main qui s'avance... caresse et danse... des corps enlacés... enflammés... embrasés par le désir et qui désirent s'unir...
Seul dans mon appartement, je colle ma tête aux carreaux des fenêtres et je regarde le monde avancer. Sans moi.
J'erre entre ces quatre murs - ce nouvel utérus - où la vie s'arrête, momentanément. La douleur est moins vive à l'écart du monde et des gens : plus besoin de subir les assauts incessants de ces foules enlassées, en groupe de deux, trois, quatre ou plus; ces groupes qui vous renvoient sans cesse l'image désolante, sale, laide, humiliante de votre solitude.
J'aimerais parfois disparaître, me rendre invisible plutôt que d'errer sans but dans ces rues anonymes, espérant que... sait-on jamais... des fois... Mais rien ne se passe. Rien. Jamais.
Vingt-trois ans et un constat amer sur ces jeunes années, sur mes jeunes années. Est-ce encore moi dans ce passé incertain, si proche et si lointain? Qui est cet autre que moi, cet autre qui fût moi? autrefois...
Edouard, ce qui signifie gardien des richesses en vieil anglais...
Tableau, Die Erfüllung, Gustav Klimt
Seul dans mon appartement, je colle ma tête aux carreaux des fenêtres et je regarde le monde avancer. Sans moi.
J'erre entre ces quatre murs - ce nouvel utérus - où la vie s'arrête, momentanément. La douleur est moins vive à l'écart du monde et des gens : plus besoin de subir les assauts incessants de ces foules enlassées, en groupe de deux, trois, quatre ou plus; ces groupes qui vous renvoient sans cesse l'image désolante, sale, laide, humiliante de votre solitude.
J'aimerais parfois disparaître, me rendre invisible plutôt que d'errer sans but dans ces rues anonymes, espérant que... sait-on jamais... des fois... Mais rien ne se passe. Rien. Jamais.
Vingt-trois ans et un constat amer sur ces jeunes années, sur mes jeunes années. Est-ce encore moi dans ce passé incertain, si proche et si lointain? Qui est cet autre que moi, cet autre qui fût moi? autrefois...
Edouard, ce qui signifie gardien des richesses en vieil anglais...
Tableau, Die Erfüllung, Gustav Klimt
3 commentaires:
Très mélancolique tout ça... et en plus il pleut dehors.... :-(
je ne sais assurément pas qui est cet autre ni qui est celui-ci mais une chose est sûre, j'ai parfois le même problème que lui et souvent les mêmes pensées...
Ce n'est en réalité personne en particulier, c'est plutôt le désir d'être en contact avec un être humain. Je vis seul dans mon studio et, parfois, ça peut être très lourd, très étouffant. Mais la solitude est aussi une bonne chose, elle permet de se retrouver, de faire le ménage dans sa tête, de réfléchir et d'écrire...
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