Elle: Dis... t'as peur?
Lui: Non, et toi?
Elle: Oui... je... enfin... je sais pas si j'y arriverai... Ca semblait plus facile avant, mais maintenant... J'ai vraiment peur! Peur de l'inconnu! Et si... et si... et si on se trompait? Et si il n'y avait rien? Rien que le néant... le vide... Tu sais que j'ai peur du vide...
Lui: Ne te tracassse pas! On va bientôt savoir. Tu ne veux pas savoir ce qu'il y a de l'autre côté?
Elle: Oui, mais si... rien... pouf... le vertige infini, l'anéantissement total! Je... je... trop difficile... Je peux pas... sans certitudes!
Lui: Tu sais bien que c'est impossible! Et puis je te rappelle que notre Honneur est en jeu!
Elle: L'honneur! L'honneur! Que veux-tu que ça me foute! C'est pas d'honneur qu'il s'agit, mais de nos vies...
Lui: T'as pas tout tort, mais t'as pas tout raison non plus. J'ai pas l'impression que tu comprennes la situation.
Elle: Ah oui... et qu'y a-t-il à comprendre?
Lui: Laisse tomber.
Elle: Quoi?!! Laisse tomber... tout ce que tu trouves à dire pour me réconforter... Laisse tomber...
Lui: Tu sais très bien où je veux en venir. Je te l'ai déjà dit des centaines de fois depuis tout à l'heure. J'aime pas me répéter!
Elle:Oui, mais moi j'ai besoin... encore... une dernière fois...
Lui: Tu te souviens cette promesse faite le soir de notre première nuit? Tu m'as promis que tu me suivrais où que j'aille et quoi que je fasse!
Elle: Oui, je m'en souviens... Ah... quelle douce nuit d'ivresses... de folies... Nos corps enserrés, enlacés... Je ne voulais être plus qu'un avec toi, je te voulais tout entier... Toi en moi et moi en toi... Et cette promesse! la preuve même de notre amour... On aurait pu défier le ciel! Peut-être même les dieux! Oh comme je t'aime.
Lui: ... Le temps presse!
Elle:Attends... Tu crois que ça fait mal?
Lui: Seulement la première fois, je crois...
Elle:Je... j'ai toujours cru que... quand on meurt... l'instant de la mort durait une éternité... Ca n'a aucun sens de dire : "il s'est tiré une balle dans la tête? Oh, au-moins il n'a pas eu le temps de souffrir." Non, aucun... Il l'a sentie la balle, millimètre par millimètre -peut-être encore plus lentement- s'avancer vers son cerveau... D'abord la peau qui brûle et se déchire... puis l'os du crâne qui éclate... une douleur vive... intense... insupportable! Et ce bruit... un sifflement infernal qui déchire les tympans... disloque le corps... Voilà que le cerveau s'approche... se retire devant la balle... fait la révérance -quelle politesse... Ah non, il se tord de douleur... Vert... rouge... boit pour oublier... un bon vin... Puis soudain l'explosion... le Big Bang? L'univers tout entier disparaît... le trou noir... Ne reste plus qu'une chose : la douleur. Pour l'éternité...
Lui: J'ose espérer que tu te trompes! Plutôt que de partir dans tes délires, rends-toi utile! Donne-moi les armes! Le temps presse!
Elle: Dis... tu n'as toujours pas peur?
Lui: Toujours pas! Et toi?
Elle: Ca change pas... Je crois que j'ai encore plus les jetons qu'avant... J'ai l'impression que le temps me dévore... Les aiguilles de l'horloge me grignotent... Elles ont l'air mauvaises... Elles me sourient... d'un sourire atroce... carnassier... Je le vois... le Vide... Il s'approche... Arrière, arrière! Derrière les dégâts de ces aiguilles perverses... Immense... Inimaginable... Je te dis qu'on va sombrer... disparaître... pouf, comme ça... d'un claquement de doigts... et pfffuit envolé à tout jamais...
Lui: Arrête d'y penser! Ca ne sert à rien. Tu te fais du mal pour rien. Fais comme moi : sois un peu stoïque, bon sang!
Elle: Dis... j'ai froid... Tu ne voudrais pas... une dernière fois...
Lui: D'accord, mais le temps presse...
Elle: Tu sais?... J'ai moins peur quand je suis dans tes bras...
Edouard
Lui: Non, et toi?
Elle: Oui... je... enfin... je sais pas si j'y arriverai... Ca semblait plus facile avant, mais maintenant... J'ai vraiment peur! Peur de l'inconnu! Et si... et si... et si on se trompait? Et si il n'y avait rien? Rien que le néant... le vide... Tu sais que j'ai peur du vide...
Lui: Ne te tracassse pas! On va bientôt savoir. Tu ne veux pas savoir ce qu'il y a de l'autre côté?
Elle: Oui, mais si... rien... pouf... le vertige infini, l'anéantissement total! Je... je... trop difficile... Je peux pas... sans certitudes!
Lui: Tu sais bien que c'est impossible! Et puis je te rappelle que notre Honneur est en jeu!
Elle: L'honneur! L'honneur! Que veux-tu que ça me foute! C'est pas d'honneur qu'il s'agit, mais de nos vies...
Lui: T'as pas tout tort, mais t'as pas tout raison non plus. J'ai pas l'impression que tu comprennes la situation.
Elle: Ah oui... et qu'y a-t-il à comprendre?
Lui: Laisse tomber.
Elle: Quoi?!! Laisse tomber... tout ce que tu trouves à dire pour me réconforter... Laisse tomber...
Lui: Tu sais très bien où je veux en venir. Je te l'ai déjà dit des centaines de fois depuis tout à l'heure. J'aime pas me répéter!
Elle:Oui, mais moi j'ai besoin... encore... une dernière fois...
Lui: Tu te souviens cette promesse faite le soir de notre première nuit? Tu m'as promis que tu me suivrais où que j'aille et quoi que je fasse!
Elle: Oui, je m'en souviens... Ah... quelle douce nuit d'ivresses... de folies... Nos corps enserrés, enlacés... Je ne voulais être plus qu'un avec toi, je te voulais tout entier... Toi en moi et moi en toi... Et cette promesse! la preuve même de notre amour... On aurait pu défier le ciel! Peut-être même les dieux! Oh comme je t'aime.
Lui: ... Le temps presse!
Elle:Attends... Tu crois que ça fait mal?
Lui: Seulement la première fois, je crois...
Elle:Je... j'ai toujours cru que... quand on meurt... l'instant de la mort durait une éternité... Ca n'a aucun sens de dire : "il s'est tiré une balle dans la tête? Oh, au-moins il n'a pas eu le temps de souffrir." Non, aucun... Il l'a sentie la balle, millimètre par millimètre -peut-être encore plus lentement- s'avancer vers son cerveau... D'abord la peau qui brûle et se déchire... puis l'os du crâne qui éclate... une douleur vive... intense... insupportable! Et ce bruit... un sifflement infernal qui déchire les tympans... disloque le corps... Voilà que le cerveau s'approche... se retire devant la balle... fait la révérance -quelle politesse... Ah non, il se tord de douleur... Vert... rouge... boit pour oublier... un bon vin... Puis soudain l'explosion... le Big Bang? L'univers tout entier disparaît... le trou noir... Ne reste plus qu'une chose : la douleur. Pour l'éternité...
Lui: J'ose espérer que tu te trompes! Plutôt que de partir dans tes délires, rends-toi utile! Donne-moi les armes! Le temps presse!
Elle: Dis... tu n'as toujours pas peur?
Lui: Toujours pas! Et toi?
Elle: Ca change pas... Je crois que j'ai encore plus les jetons qu'avant... J'ai l'impression que le temps me dévore... Les aiguilles de l'horloge me grignotent... Elles ont l'air mauvaises... Elles me sourient... d'un sourire atroce... carnassier... Je le vois... le Vide... Il s'approche... Arrière, arrière! Derrière les dégâts de ces aiguilles perverses... Immense... Inimaginable... Je te dis qu'on va sombrer... disparaître... pouf, comme ça... d'un claquement de doigts... et pfffuit envolé à tout jamais...
Lui: Arrête d'y penser! Ca ne sert à rien. Tu te fais du mal pour rien. Fais comme moi : sois un peu stoïque, bon sang!
Elle: Dis... j'ai froid... Tu ne voudrais pas... une dernière fois...
Lui: D'accord, mais le temps presse...
Elle: Tu sais?... J'ai moins peur quand je suis dans tes bras...
Edouard
8 commentaires:
Ben, je vois que notre discussion matinale aura amené ce dialogue qui retranscrit bien la tension avant ce moment fatidique. Les personnages me rappelle certains personnes. Enfin très très bien comme texte.
ca pour sentir la tension à travers les mots que tu as choisis, on le sent bien... cela dit le personnage féminin ainsi que le personnage masculin je dirai qu'il y a qqch qui joue pas dans leur histoire... ils ont l'air d'avoir partagé certaines choses et pourtant à ce moment important y a comme un vide entre eux... enfin c'est mon impression
@Fred : Ce texte je l'ai écrit il y a à peu près 4 ou 5 ans. J'étais encore au collège. Par contre c'est vrai que notre discussion de l'autre soir m'a donné l'envie de le mettre sur le blog.
@Bulle de savon : tu as tout à fait raison et c'est fait exprès. J'ai voulu un personnage féminin dans la nuance et dans le doute et un personnage masculin dogmatique et qui semble savoir ce qu'il se veut. Mais je trouve qu'en fait la femme est plus forte dans son doute que l'homme. Lui est dans l'apparence et elle, elle est dans l'être. Il y a donc, face à la mort, une réelle distance entre ces deux personnages.
Comme le dit un des personnage de "Donnie Darko" -un film que je recommande au passage - "on meurt toujours seul", cette distance, ce vide entre les personnages est donc tout à fait normal.
Pfffou j'ai encore écrit une tartine!
si ephemere mais si important malgre tout...
joli texte.
J'ai bien aimé le texte, et ton commentaire aussi. Tu peux continuer à écrire des tartines, en ce qui me concerne lol
Je poste depuis le job là, c'est la pause de midi, mais je vais pas faire trop.
Bonne suite de journée à tout ceux qui lisent ;-)
... pas faire trop "long" . Désolée, j'oublie des mots dans les phrases :-)))
Si les tartines ne font pas peur, je risque de poster quelques unes de mes nouvelles les plus courtes.
Hélas Maye-Linn je crains que tu ne connaisses déjà la plupart... Je suis pas super productif et j'ai de la peine à reprendre une histoire commencée.
C'est pas grave si je les connais déjà. Ce sera l'occasion de les relire et de laisser quelques commentaires ;-)
Enregistrer un commentaire