vendredi, août 25, 2006

Sarady

Comment tout cela avait-il bien pu commencer? Je ne le sais pas... Je ne le sais plus... Tout est confus... Il ne me revient à l'esprit que des odeurs (des parfums peut-être?), des bruits assourdissants (des locomotives? des métaux qui s'entrechoquent? la chaîne de production d'une usine?), des visages. Une chose pourtant. Une seule. Certaine. Un nom, celui d'une ville sans doute - Sarady - apparaît dans ma tête d'une manière limpide. Comment oublier un tel nom? Un nom si doux, quelque chose de rassurant et d'enfantin dans sa sonorité; irréel.


Sarady, Sarady! Ca passe et ça repasse dans ma tête. Des coups cinglants, si puissant que j'en titube. Je tombe, je m'afaisse et m'écroule sur le sol dur. Ce nom si doux... où... où avais-je bien pu l'entendre? Dans ma tête tout se brasse pêle-mêle : les souvenirs, les idées, les hypothèses les plus diverses et invraisemblables; au final, rien!
Je dois admettre que je ne sais pas, je ne sais plus. Et pourtant... pourtant tout semble en même temps si évident, si dramatiquement simple. Sarady, cette ville fantastique, existe-t-elle réellement ou n'est-elle que l'hallucination d'un esprit dérangé?

Oui, elle existe!

J'ai parcouru ses rues chaotiques, si bruyantes que le repos n'y passe jamais; ces rues que ne touchent jamais ni le jour, ni la nuit. J'ai batifolé dans ses prés où l'herbe est si tendre, si douce qu'on s'y laisserait volontiers mourir. J'ai volé dans ses eaux si bleues, si pures; l'amour n'est rien en comparaison de la sensation soyeuse de cette masse ondoyante sur le corps, si légère et en même temps si lourde.

Mais comment? Comment ai-je fait pour trouver cette ville? Une carte, vite une carte! Là, sur ma table. Le globe terrestre... Sarady, Sarady... Sarady... Non, rien... Absolument rien.
Cette ville n'existerait pas? Pourtant... pourtant... Serais-je fou? Je l'ai parcourue de long en large, j'en connais les moindres parcelles, les moindres trous de souris et chaque grain de sable qui s'y trouve...

Sarady, étrange ville aussi réelle qu'iréelle; ville fantasmée, fantômatique où tout est possible, surtout l'impossible... Je sais que tu existes! Je le sais, je le sens! Mais... mais... aurais-je... Non, non impossible! Aurais-je perdu le chemin qui mène à ton royaume?

Edouard

Tableau : Paul Delvaux, Village de Sirènes

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je connaissais pas celui-là....
Je ne sais plus trop quoi mettre comme commentaires, j'ai l'impression de toujours dire la même chose...
Tu arrives toujours à faire entrer le lecteur dans ton monde, je trouve ca vraiment bien. En lisant, il m'est souvent arrivé d'avoir de la peine à entrer dans un texte. J'aime pas trop avoir l'impression de rester spectatrice, à l'extérieur. C'est très personnel tout ca, mais pour que je trouve un texte bien, il faut que j'ai l'impression d'en faire partie, en le lisant, que je visualise l'histoire au fur et à mesure de ma lecture, comme si j'avais un petit film dans la tête. Avec tes textes, ca marche quasiment à chaque fois ! Continue comme ca!

Julien a dit…

Paul Delvaux...Le plus grand peintre du monde avec Magritte! Enfin, je devrais plutôt dire de MON monde!

Le Clan des Coco's a dit…

@Maye-Linn, merci beaucoup pour ton commentaire. Cela me touche énormément et, effectivement, mon écriture a toujours eu quelque chose de très visuelle. Ce qui est important pour moi c'est de parvenir à créer des images et un des moyens pour y parvenir c'est par le rythme de la phrase qui soutient ce qui est dit. D'ailleurs, je lis souvent le texte à haute voix (oui, oui, je m'inspire de Flaubert...) afin de rendre le texte le plus fluide possible.

@Julien, ah je vois que tu connais Delvaux... J'ai hésité longtemps avant de mettre un de ses tableaux où des femmes nues sur des divans se retrouvent dans des halls de gares. Personnellement ça me parle.
Ha tiens! du Magritte, voilà ce qui manque encore à ce blog. Donc tout prochainement une note avec un tableau de Magritte (oui, moi aussi j'apprécie beaucoup ce peintre).

Anonyme a dit…

un peu moins cultivée, hem, lol - je dirai seulement que j'aime beaucoup la résonnance du mot sarady dans mon esprit, cela me semble si doux si emprunt de bonnes ondes...